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Collection :
Traité des sciences cognitives
Éditeur : HERMES
Co-Éditeur : Éditions Lavoisier
Pages : 304
Dimensions : Livre broché, 160mm × 240mm
L'histoire de la notion d'intelligence révèle un paradoxe. Cette notion est remise en question et on s'interroge sur son utilité, mais elle résiste étonnamment. Elle est critiquée de deux points de vue relativement contradictoires. D'un côté, c'est une notion considérée comme trop générale par les tenants de l'approche analytique, notamment en psychologie cognitive, qui cherche à décomposer les processus jusqu'au niveau le plus élémentaire et le plus souvent en développant une approche modulariste. De l'autre, c'est une notion considérée comme trop étroite dans la mesure où elle concerne surtout l'intelligence académique, qui est un relativement bon prédicteur de la réussite scolaire mais non d'autres formes d'adaptation comme l'intelligence sociale ou l'intelligence collective. Malgré ces critiques la notion résiste et ne s'est pas laissée dissoudre. Quand on parle d'évaluation des compétences ou d'analyse des déficits, par exemple, il ne suffit pas de considérer des compétences ou des déficits spécifiques pour prévoir le degré d'adaptabilité comportementale et répondre à la demande sociale dans un monde où les situations d'apprentissage et de travail présentent de plus en plus de variabilité. Cela tient à ce que la notion d'intelligence est liée à deux caractéristiques : d'une part la plasticité et les capacités de transfert requises par la variabilité des situations et, d'autre part, la complexité des tâches et des situations et le haut niveau d'intégration des activités requises pour faire face à leurs exigences. Complexité et variabilité sont très vraisemblablement liées, il s'agit de comprendre comment. Pour cela il faut analyser de près les différentes approches de l'intelligence, qui sont très largement pluridisciplinaires et se demander pourquoi l'approche scientifique n'a pu vraiment cerner cette notion. Il se peut que ce soit un mirage et simplement le produit culturel d'une époque, c'est ce que beaucoup de scientifiques tendent à penser actuellement. Il se peut aussi que l'on n'ait pas trouvé les bons outils méthodologiques pour appréhender le type de phénomène que recouvre cette notion. On a dit que l'intelligence se caractérise par la flexibilité du comportement (la variabilité des moyens mis en oeuvre pour résoudre une tâche) et le haut niveau d'intégration des comportements requis par la complexité des situations à traiter. Or, l'orientation constante de la recherche expérimentale depuis ces trente dernières années a été de diminuer la complexité des situations pour réduire la variabilité, ce qui assure un meilleur contrôle et permet de diminuer la lourdeur du travail expérimental engendré par des techniques de plus en plus sophistiquées. D'où la centration sur des comportements élémentaires, la limitation des tâches et le désintérêt pour l'étude du transfert. La question mérite d'être posée de l'adéquation des méthodes à l'objet, quand on parle d'intelligence.